Procédé Corian MIRKA ABRASIFS

Lustrage et finition

Donner la brillance par polissage

Dans le processus de fabrication d’un meuble, la finition est une étape incontournable d’une extrême importance et pourtant, elle est trop souvent négligée. Dans le temps, les meubles d’ébénis- terie de qualité étaient traités au vernis tampon et les meubles rustiques cirés. Il y a encore peu, la plupart des meubles plaqués ou massifs recevaient une couche de vernis, le plus souvent polyuréthane, en guise de finition. De nos jours, la mode est à la peinture et à la laque, non seulement pour les meubles « meublants » (tables, chaises, armoires, dressings…), mais surtout pour les façades de portes et tiroirs de cuisine et de salle de bains. Ceux qui travaillent le bois en second oeuvre (menuisiers, cuisinistes, ébénistes, agenceurs, etc.) connaissent bien les difficultés de ces types de finition, à plus forte raison d’une finition semi-mate ou brillante. La seule solution pour obtenir un parfait résultat – semi-mat ou brillant – reste souvent la sous- traitance auprès d’un professionnel spécialisé. Je vous propose dans cet article une intéressante alternative que vous pourrez introduire à peu de frais dans votre atelier : le poli-lustrage. Nous aborderons successivement deux supports : un matériau composite massif teinté dans la masse, le « Corian® », et une laque polyuréthane.

La préparation des supports

Trop souvent, le ponçage des panneaux n’en­tre pas dans le cadre des opérations d’une fi­nition laquée proprement dite, et pourtant son importance est telle qu’il est bon de rappeler quelques principes de base :

  •  réalisez le ponçage du support à l’aide d’une ponceuse orbitale (excentricité 5 mm) ou vibrante:

un ponçage trop fin donne une surface po­lie lustrée (glacée) qui limite la pénétration du produit. Plus le support est glacé, moins l’adhé­rence du produit risque d’être bonne.

Le Corian® est un matériau moderne créé par Dupont de Nemours. À base de résine, il est de plus en plus utilisé dans l’aménagement de laboratoires (chimiques, alimentaires, etc.), l’agencement de magasins (comptoirs, etc.), la conception de salles de bains (vasques, etc.)… Homogène, il se travaille comme le bois, se coupe et se ponce. Sa finition peut être de type mat ou semi-brillant et même parfois brillant, mais plus rarement (car trop fragile aux rayures).

Les étapes

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1.le meilleur résultat est obtenu avec une ponceuse orbitale d’excentration 2,5 mm, électrique ou à air comprimé. Selon la surface, on prendra un diamètre de plateau de 77 mm, 125 ou 150 mm.

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Pour la fixation du plateau à poncer, des plots antivibration pour machines à laver (en vente dans les grandes surfaces de bricolage) représentent une excellente solution.

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Pour le ponçage, on aura besoin de papier abrasif classique à sec, type Abranet®, de disque support film polyester à l’eau et de disque support mousse type Abralon®. Le grain des disques sera déterminé en fonction de la finition désirée.

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On commencera par un ponçage à sec avec une ponceuse munie d’une bonne aspiration et d’un disque papier, fortement ajouré ou en toile tricotée pour laisser passer les poussières.

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Le grain de départ va dépendre de l’état du support de base, plus il y aura de défauts (trous, rayures, traces…), plus il faudra d’étapes dans le ponçage. En général, un grain 100 est suffisant.

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11 est indispensable de procéder à un essuyage à chaque étape à l’aide d’un chiffon antistatique, seule manière efficace pour apprécier l’avancement du ponçage.

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Poursuivez progressivement par des grains de plus en plus fins, maximum 400 pour une finition mate. Attention ! Lors d’un ponçage à sec, la chaleur due à la friction laisse des marques.

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Pour un résultat optimal, il est conseillé de ne pas sauter plus d’un grain dans la progression (par exemple, 100, 150, 240…).

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Ce n’est qu’après un essuyage soigneux et un examen de la surface en lumière rasante que vous pourrez apprécier la qualité du résultat.

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À ce stade, la surface est dressée par ponçage. Vous pouvez maintenant passer à la finition à l’aide d’un disque support mousse type Abralon® (grains 500 ou 600).

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L’Abralon® combine les avantages de la toile adhésive à ceux des produits non tissés. Les grains abrasifs en carbure de silicium sont collés uniformément à l’interface en tissu, elle-même montée sur une mousse de polyuréthane. Ce disque se décline du grain 180 au grain 4000.

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Le disque support mousse s’utilise à l’eau. Son travail n’est pas un travail de ponçage à proprement parler, mais d’uniformisation de surface.

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Dans un premier temps, nous choisissons un résul­tat mat. Le grain 500 ou 600, voire 360, pour un résultat moins fin, est suffisant.

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Avec l’Abralon®, aucun risque de voir apparaî­tre de traces « queues-de-cochon » sur la surface, les impuretés sont absorbées dans la mousse du disque.

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Un bon essuyage fait ressortir la qualité du travail, la finition est régulière et uniformé­ment mate.

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Pour une finition satinée, montez vos étapes de ponçage successivement jusqu’au grain 800 et terminez par un disque Abralon® grain 1 000.

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Pour une finition brillante, nous poursuivons _L / le ponçage jusqu’au grain 2000 à l’aide de disques support film.

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C’est à vous d’apprécier l’état de surface du support…

Pour savoir quand s’arrêter, c’est simple… il suffit d’observer la surface en lumière rasante… la disparition des rayures est le seul juge.

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La qualité des disques support film leur permet d’être travaillés aussi bien à sec qu’à l’eau.

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Une pulvérisation d’eau est suffisante… Point trop n’en faut

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L’apparition d’une mousse légère est le signe d’un bon travail et d’une correcte humidification. Commencez toujours le ponçage en maintenant la machine bien à plat sur le support, avant son démarrage.

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Attention aux amas agglutinés sous le disque, responsables des « queues-de-cochon ». Essuyez le disque de ponçage à l’aide d’un chiffon humide. On peut aussi diminuer de 20 % la vitesse de la machine.

Les disques à polir

Pour le lustrage, vous utiliserez des disques à polir en peau de mouton naturelle et éventuel­lement terminerez, pour un résultat de haut niveau, par des disques de mousse.

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Le ponçage est maintenant terminé. Pour le polissage, nous terminons comme précédemment (finition mate) avec le disque mousse Abralon mais, cette fois, en grain 2000.

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Si nous arrêtions à ce stade, nous aurions déjà une finition brillante.

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Pour obtenir une finition haute brillance, il suffit maintenant de lustrer au polish et à la polisseuse mécanique.

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Après avoir déposé une goutte de produit trop ni pas assez !…) sur le support, étalez-le à l’aide de la peau de mouton naturelle, mais machine arrêtée au début pour éviter les projections.

Poursuivez par un lustrage mécanique, d’abord à vitesse lente (variateur position 1), puis plus rapide (variateur position 2 puis 3).

« Étalez la pâte et lustrez à la lustre use mé­canique à une vitesse comprise entre 1200 et 2 000 tr/min. »

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L’essuyage au chiffon microfibre antistatique vous permettra d’apprécier le résultat.

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Si vous n’êtes pas satisfait du résultat, procédez à un deuxième lustrage.

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Le résultat est édifiant, non !? La différence est vraiment étonnante entre le matériau brut à droite et les finitions satinées et brillantes à gauche.

Les produits de lustrage

Il existe différentes agressivités de pâtes pour l’attaque et la finition. En général, une agres­sivité moyenne est suffisante dans la plupart des cas.

Le lustrage

  •  Utilisez la combinaison peau de mouton et pâte pour des résultats standard.
  •  Étalez la pâte sur une surface moins importante que celle à traiter avant de démarrer le lustrage.
  •  Conservez les disques en mousse propres. Sales, ils peuvent rayer.
  •  Pour allonger la durée de vie des disques en mousse, nettoyez-les régulièrement à l’eau.
  •  Ne laissez pas la pâte sécher lors du lustrage, sous peine d’endommager la surface.
  •  La vitesse de lustrage doit toujours être comprise en­tre 1 200 et 2 000 tr/min.
  •  Un travail de lustrage s’effectue sans pression, uni­quement par le poids de la machine.
  •  Pour éviter toute surchauffe, le disque doit être constamment en déplacement.
  •  L’eau peut être utilisée comme refroidisseur/lubrifi- cateur pendant le lustrage.

La laque polyuréthane

La laque

Les laques polyuréthanes, de plus en plus couram­ment utilisées de nos jours, présentent tout à la fois des caractéristiques exceptionnelles de dureté, de résistance et de souplesse.

« En vieillissant, le polish s’épaissit; vous pouvez ajouter de l’eau pour retrouver sa fluidité. »

L’application, délicate, se fait au pistolet mais sans cabine de peinture (ou tunnels de séchage dans l’industrie) ; la surface est rarement parfaite et laisse apparaître des traces de poussières ou de tension irrégulière du film en « peau d’orange ». Un ponçage sérieux permet de rattraper ces irrégularités et un lustrage soigneux – fait dans les règles de l’art-d’obtenir une très belle finition mate, satinée ou brillante. Le mode opératoire est le même que pour le Corian® et se fait en deux étapes. Première étape : le ponçage, pour tendre le vernis. Deuxième étape : le lustrage, pour donner la brillance.

Les étapes :

30. La finition sur laque polyuréthane

31. Un panneau finition satinée, après ponçage, la surface irrégulière « peau d’orange » est particulièrement bien visible.

32. Le premier travail consiste à redresser le film de laque… Mais sans « prendre la perce ».

33. Sur un support laqué, à la différence d’un massif comme le Corian®, on travaille toujours à sec avec un disque à poncer fin « poudrage ouvert ». Nous avons pris ici pour commencer un disque support film polyester grain 1 500.

34. Si la surface est très abîmée, on peut commencer avec un grain 1000, jamais en dessous. Pour obtenir un bel aspect « biscuit de porcelaine », on termine par un grain 2000, voire 3000.

35. Les défauts qui apparaissent à l’angle sont dus à un manque de ponçage et les rayures en forme de « queues-de-cochon » à un encrassement excessif du disque.

36. En bas, disque propre; en haut, disque sale.

37. La surface poncée, redressée et soigneusement essuyée au chiffon antistatique est prête à recevoir le polissage et le lustrage.

38. L’opération de polissage est identique à celle précédemment décrite pour le Corian®. Le polish peut être déposé au choix sur le panneau ou sur le disque. L’essentiel est de n’en déposer qu’une noisette et de travailler par petites surfaces.

39. Pour éviter que le plateau ne marque la laque, on utilise une peau de mouton d’un diamètre supérieur, par exemple 180 mm pour un plateau de 150 mm.

40. Après polissage et essuyage au chiffon antis­tatique (à droite), la surface est tellement brillante que le luminaire du plafond s’y reflète avec une surprenante netteté.